Violette a décidé de ralentir pour éviter le front attendu demain ainsi que la violente dépression prévue ce 9 janvier (vents établis à 50 nœuds et rafales d’au moins 60 nœuds). Une décision difficile à prendre, mais plus sécurisante.
Violette – “J’ai dû prendre une décision difficile.
Deux événements majeurs se profilent au passage du cap Horn. Tout d’abord, un front froid accompagné de vents à 30 nœuds (55km/h) et de vagues de 5 mètres. Mais dans la réalité, surtout au cap Horn, ces chiffres sont souvent sous-estimés. Avec l’effet d’accélération près de la côte, on peut facilement atteindre des rafales à 60 nœuds (110 km/h) et des creux de 7 mètres. Pas très engageant.
Ensuite, le lendemain du passage, une dépression encore plus violente est attendue. Et cette fois, il n’y a aucune échappatoire. Vers le sud, la zone des glaces bloque toute fuite possible, et tenter de s’abriter à l’est de la côte est risqué : si je n’arrive pas à temps, cela pourrait devenir extrêmement dangereux, d’autant que je ne suis pas sûre de la fiabilité de cet abri.
Cela fait trois jours que j’analyse la situation, que je tourne et retourne tous les scénarios possibles. J’ai envisagé toutes les routes viables dans cet espace restreint, et rien ne m’a semblé rassurant. Honnêtement, je suis terrifiée à l’idée d’affronter ces conditions.
J’ai donc pris la décision de ralentir et de laisser passer ces phénomènes. Mon objectif reste inchangé : terminer mon tour du monde. Je ne veux pas risquer de me retrouver dans une situation incontrôlable et dangereuse.
Mais cette décision a un coût : je vais perdre deux jours et probablement quelques places durement gagnées face aux autres concurrents, la plupart ayant choisi de continuer sans s’arrêter. Heureusement, Arnaud Boissière, La Mie Câline, a lui aussi décidé de ralentir, ce qui me rassure beaucoup car affronter cela seule aurait été encore plus difficile.
La course est loin d’être terminée. Il reste encore un mois pour remonter et donner le meilleur de moi-même. Rien n’est joué.” |